Biographie

Laurence Imbert est née à Marseille. Dès l’adolescence, elle est immergée dans un univers poétique et littéraire grâce à des rencontres diverses et enrichissantes. Alors qu’elle connaît le succès en tant que comédienne, avec une brillante carrière théâtrale et cinématographique, un besoin intense d’utiliser d’autres moyens d’expressions se développe en elle. Ainsi apprend-t-elle à libérer son geste grâce à la musique, par un travail, souvent improvisé, sur le corps et ses résonances au sein du Groupe d’Étude et de Réalisation Musicales (GERM) en collaboration avec de grands chefs d’orchestre et compositeurs. Mais toute son attention se porte rapidement sur la peinture et la sculpture, avec la rencontre décisive de Stanley William Hayter. Depuis 1983, après avoir reçu plusieurs prix internationaux, elle côtoie les plus grands lors d’expositions à Bruxelles, Tokyo, Milan, Hambourg, Malte… et principalement en France et en région parisienne où elle réside. Son énergie créatrice la porte aussi bien à s’exprimer sur la toile, le papier, le plexi, et pour la sculpture la terre et le plâtre. Elle a crée de nombreux livres-objets originaux avec des auteurs de renom. Ainsi, poésie et peinture s’illustrent et s’enrichissent réciproquement. Ces livres ont notamment été exposés au Centre George Pompidou et au Musée de Bayeux.

Les trois clefs fondamentales permettant d’aborder mon œuvre picturale : Âme, Néant, Être

J’ai vécu une enfance malheureuse : mon père est parti après ma naissance et ma mère défendait que l’on en parle. Divorcée, « Mère » n’aimait que mon frère et pour elle, je n’étais qu’un « accident » ! J’étais considérée à l’école presque comme une « autiste ». J’aurais pu facilement plonger dans le Néant, synonyme pour moi de paix et de repos : le visage de la mort me fascinait.

Toute petite, ravissante et fragile, j’ai intégré profondément en moi le fait d’être totalement différente des autres et je me suis ainsi construite progressivement une petite Âme, assoiffée de tout ce qui pouvait être beau, de tout ce qui pouvait m’aider à fuir la laideur du monde. J’ai alors privilégié l’univers des rêves, et me suis plongée dans la poésie. Mon Être s’est ainsi bâtie contre le Néant hostile et laid qui semblait m’entourer. Je me suis alors jetée corps et âme dans le théâtre. J’y ai tout de suite trouvé une raison d’être, d’échapper au Néant, à la laideur et d’accéder au sublime. A 18 ans, j’ai quitté brutalement ma famille : cela m’a sauvé du Néant. Ma vie a vraiment commencé ce jour là ! J’ai obstinément refusé la prison dorée que beaucoup me faisaient miroiter, pour me consacrer exclusivement à l’Art poétique et théâtral, seul moyen de sombrer dans le Néant !

Suite à un spectacle du Living Theater, J’ai abandonné le théâtre classique pour celui d’avant-garde. Par ce biais, je me suis retrouvée progressivement confrontée, d’une part à l’importance et même l’immixtion de la musique dans les mises en scène modernes, d’autre part à certaines recherches théâtrales tendant à représenter les scènes comme de vrais tableaux picturaux et sculpturaux. Je suis toujours resté très proche du monde poétique, car « la poésie reste le meilleur moyen pour changer le sens des choses et des mots ».

C’est peut-être tous ces apports qui m’ont amené à commencer à peindre : d’abord des paysages rêvés, à la fois scéniques et indéfinis, puis de plus en plus structurés et géométriques, en grande partie inspirées par les constructions musicales que j’avais vécues. Puis petit à petit, mon Âme fragile a permis à mon Être de se construire de plus en plus solidement grâce à la peinture puis la sculpture. Mais je puis dire que ce sont les arts qui ont construit mon Être à partir de ma petite Âme et du Néant et non l’inverse.

Ma peinture a changé lors de la naissance de ma fille Ophélia, car celle-ci m’a permis de me réconcilier avec la Vie et d’ouvrir les yeux sur le monde. A certaines périodes cruciales et dramatiques, mes recherches picturales ont fait écho au malheur et au désespoir des autres. Enfin mon geste s’est libéré totalement dans le trait et l’espace grâce à une vision cosmologique, mixant le présent et le lointain, le bonheur et le malheur, la plénitude et l’inquiétude, l’Être et le Néant

Ainsi, l’A.N.E. est ce qui représente tout mon travail, toute ma recherche, toute ma raison d’être et de vivre : le Néant, circonscrit par l’Âme et l’Être.

LID